En ligne pour l’éternité
Disons que vous mourez. Là, maintenant. Qui héritera de vos photos, conversations et mèmes créés avec soin?
Avez-vous un testament? Probablement pas. Vos avoirs sont sans doute limités. Mais il y a quelque chose que vous possédez en (très) grande quantité : des données en ligne. Des photos, des conversations, des messages privés… Qu’adviendra-t-il d’eux? Suffirait-il d’un appel larmoyant de vos proches à Google ou à Apple pour récupérer ces précieux souvenirs? Vous n’y aviez jamais pensé? Heureusement, Curium veille sur votre au-delà numérique!
Les risques
Nos vies sont presque entièrement enregistrées en ligne : nos contacts, notre agenda, nos déplacements, nos souvenirs de voyage, nos vidéos loufoques… Toutes ces traces numériques se trouvent sur les serveurs des grandes entreprises technologiques, peut-être pour toujours.
Vous savez, les conditions d’utilisation qu’on ne lit jamais en se créant un compte… Eh bien, dans ce charabia de petits caractères se cache souvent la mention que si le compte n’est pas fermé, les données personnelles seront conservées «indéfiniment». Dans le sens de «pour l’éternité».
1. La fermeture automatique
Vos proches informent un service en ligne de votre mort, en espérant avoir accès à vos données. Malheureusement, certaines compagnies prévoient qu’en cas de décès, le compte est automatiquement fermé. Toutes les données sont alors supprimées. Irrécupérables! Même vos belles photos souvenirs.
2. L’accès interdit
Si vos proches ne connaissent pas vos mots de passe, il leur sera impossible d’accéder aux contenus de vos comptes. Les compagnies numériques se sont investies d’une mission quasi sacrée : protéger votre vie privée, même dans l’au-delà!
3. Le livre ouvert
Votre entourage connaît vos mots de passe? Super! Vos proches ont donc accès à tout… mais vraiment TOUT! Chaque photo. Chaque vidéo. Chaque texto. Pensez-y bien… Est-ce vraiment ce que vous souhaitez?
Les solutions
Il n’est jamais trop tôt pour prendre son héritage numérique en main.
1. La liste de vos comptes en ligne
La plupart contiennent peu d’informations personnelles. Par exemple, la crèmerie du coin qui demande l’ouverture d’un compte en échange de 50 % de rabais sur un trempage au chocolat. Ces comptes peuvent rester ouverts sans problème.
Une poignée de comptes contiennent toutefois des informations (très) personnelles : réseaux sociaux, Google, Apple… Pour ceux-là, il vaut la peine d’investiguer davantage. Que prévoient ces entreprises en cas de décès ou d’inactivité?
2. La configuration des paramètres
Plusieurs entreprises permettent de configurer notre compte selon nos (dernières) volontés. Il suffit de cocher la case appropriée.
Google
Le «gestionnaire de compte inactif» permet d’effacer nos données ou d’autoriser qu’un proche y ait accès.
Instagram
Les proches peuvent demander qu’un compte soit supprimé ou transformé en «compte de commémoration», mais ils ne peuvent accéder aux données.
Apple
On peut ajouter un «contact légataire» qui aura accès à nos données en cas de décès.
TikTok
Sans codes d’accès, il est impossible de supprimer un compte. Si vous voulez que vos proches le ferment après votre décès, il faut leur laisser vos informations. Sinon, vos vidéos seront conservées indéfiniment sur la plateforme.
3. Les directives aux proches
Rédigez une feuille de directives. Téléversez les documents importants sur une clé USB, et indiquez à la personne qui devra s’en charger à quel endroit les directives et la clé USB se trouvent.
Mourir.com
L’ère numérique change notre rapport au deuil et à la mort.
Cimetière numérique
D’ici 50 ans, Facebook comptera plus de profils de personnes décédées que d’internautes en vie, selon les projections du Oxford Internet Institute en 2019. Ces profils ne sont d’ailleurs pas cachés : ils restent là, bien visibles. Ils figurent même parfois parmi les contacts «en ligne»!
Parler avec les esprits
Les robots conversationnels permettent déjà de «discuter» avec des personnalités décédées, dont Steve Jobs.
ChatGPT a été entraîné pour reproduire leur personnalité et leurs tournures de phrases. À quand ce service pour les proches défunts? Et quelles seraient les conséquences sur le processus de deuil?
Ma vie à la postérité
Une personne de 65 ans aura laissé en moyenne l’équivalent de 12 % de sa vie dans l’environnement numérique. Cette proportion grimpe à 72 % pour une personne de 25 ans, et à 86 % pour un·e ado.
Merci à l’avocat Alexandre Plourde et au notaire Bertrand Salvas pour leur collaboration.
Dans le même dossier : La vie après la mort
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