Reportage : Sang limite
Qui peut donner son sang ? Et le sang synthétique, c’est pour bientôt ? Les dernières avancées, goutte à goutte.
Cadeau de vie
Bonne nouvelle ! Dès le 4 décembre, Héma-Québec adoptera une approche plus inclusive à l’égard des donneur·euse·s de sang. Avant cette date, on refusait d’emblée tout homme homosexuel ayant été sexuellement actif au cours des trois derniers mois. Cette exclusion est maintenant levée.
L’admissibilité dépend du risque de chaque individu, peu importe son genre
ou son orientation sexuelle.
Toutes les 80 secondes, quelqu’un a besoin de sang au Québec. Les hôpitaux comptent donc sur la générosité des donneur·euse·s. Les principaux défis ? La durée de conservation limitée des poches de sang et le manque de dons pour renflouer les réserves.
Et si on fabriquait un substitut ?
Pour en savoir davantage sur l’initiative d’Héma-Québec, cliquez ici.
La recette du sang
Du sirop de chocolat. Voilà la recette du faux sang au début du cinéma. La couleur contrastait alors parfaitement sur les images en noir et blanc. Aujourd’hui, le sirop de maïs est mélangé aux colorants alimentaires pour un leurre parfait.
Malheureusement, la recette n’est pas si simple en médecine. La recherche de substituts sanguins perdure depuis des siècles ! Au 17e siècle, on transfusait même avec du vin ou du lait. N’essayez pas à la maison.
Le sang se compose de plusieurs éléments. Chacun remplit des fonctions spécifiques et indispensables. Une seule goutte contient :
- 5 millions de globules rouges, qui transportent l’oxygène.
- 150 000 à 400 000 plaquettes, qui aident à cicatriser les plaies.
- 7 500 globules blancs (25 000 quand vous êtes malade), qui luttent contre les infections.
Tout cela baigne dans le plasma, qui transporte les nutriments.
À défaut de savoir reproduire le sang dans sa globalité, les scientifiques se concentrent sur la fabrication indépendante de ses composants.
La quête d’un substitut sanguin s’est ainsi divisée en deux domaines de recherche :
- La production de substances 100 % synthétiques
- L’exploitation de cellules souches pour produire de grandes quantités de cellules sanguines
Tous les composants sont sous la loupe, mais l’ultime Graal reste la fabrication de globules rouges artificiels. La difficulté ? Les rendre aussi souples que les vrais. Les globules rouges sont les contorsionnistes de l’organisme : ils peuvent se plier en deux pour circuler dans les capillaires les plus étroits.
Pour contourner cette difficulté, certains laboratoires planchent sur une molécule de remplacement à l’hémoglobine capable de circuler dans le corps sans être contenue dans des globules rouges. L’hémoglobine assure le transport de l’oxygène.
Pour le moment, les hémoglobines artificielles présentent souvent des risques pour la santé. Elles se dégradent également plus rapidement, avant d’être éliminées par l’organisme. Les scientifiques poursuivent le travail !
En Suède, des scientifiques ont développé un sang synthétique capable de tromper les moustiques ! Le liquide se compose de jus de betterave (pour la couleur) et de toxines (pour exterminer les nuisibles). Le petit ingrédient secret ? Une molécule normalement produite par le parasite du paludisme. C’est elle qui attire les moustiques. Peu dispendieux, ce faux sang remplace avantageusement les pesticides de masse, nocifs pour les écosystèmes.
Lire dans le sang
Inimitable, le sang donne accès à une mine d’informations qui ne cessent d’étonner les scientifiques. Les spécialistes s’intéressent particulièrement aux biomarqueurs, des molécules indiquant la présence de maladies. Leur objectif ? Dépister un cancer ou une lésion au cerveau par une simple prise de sang.
Traquer le cancer
Lorsqu’elles meurent ou qu’elles sont endommagées, les cellules libèrent leur ADN. De petites quantités de ce matériel génétique se retrouvent alors en circulation dans le sang. C’est la même chose pour les cellules cancéreuses. Dans ce cas, on parle d’ADN tumoral circulant.
Depuis quelques années, les progrès dans les techniques de séquençage de l’ADN permettent de détecter et d’analyser cet ADN particulier. L’objectif ? Développer des tests rapides pour dépister un cancer avant les premiers symptômes. Le test sanguin évaluerait ensuite l’efficacité des traitements tout au long du processus. L’ADN tumoral circulant diminue ? La maladie régresse !
Fouiller les poubelles
Pour bien connaître une personne, il suffit de fouiller ses poubelles. Même chose pour les cellules ! Leurs déchets, appelés métabolites, sont relâchés dans le sang avant d’être recyclés ou éliminés par l’organisme (on ne vous fera pas un dessin). Or les cellules malades produisent des déchets différents des cellules saines. En traquant ces métabolites anormaux, on pourrait détecter la présence de cellules cancéreuses dans le corps.
Tomber sur la tête
Diagnostiquer une blessure cérébrale relève souvent du casse-tête. Une équipe américaine a mis au point un test sanguin pour faciliter l’évaluation médicale. Le test mesure une protéine libérée par les cellules cérébrales lors d’une commotion ou d’une lésion au cerveau après un choc à la tête. Plus sa quantité est grande, plus les dommages sont graves.
Cette lecture du sang est moins invasive et moins dispendieuse que les biopsies et les techniques d’imagerie sophistiquées. Elle permettrait aussi des diagnostics plus rapides et des prises en charge plus efficaces.
Apporter du sang neuf
Le sang des jeunes aurait-il des pouvoirs rajeunissants ? Les scientifiques ont découvert cette propriété étonnante grâce à des expériences dignes de Frankenstein. Les résultats montrent que l’état de santé des souris âgées s’améliore si on leur injecte du sang de jeunes souris. D’autres expériences ont révélé que le sang d’ados humains peut rajeunir la mémoire et la cognition de souris âgées. La fontaine de jouvence circulerait-elle dans les veines des plus jeunes ? #glurp
Certains groupes sanguins attirent les moustiques.
FAUX ! Certaines études ont suggéré que les moustiques sont plus attirés par les personnes ayant du sang de type O. Ces résultats ne font toutefois pas consensus et ils ne s’appliquent pas à toutes les espèces de maringouins. Les moustiques sont avant tout attirés par le dioxyde de carbone que nous expirons. Les plus susceptibles d’échapper aux piqûres sont peut-être les apnéistes ?
Sans oxygène, le sang est bleu.
FAUX ! C’est l’hémoglobine qui donne au sang sa couleur rouge. Sa couleur est plus vive lorsqu’il est riche en oxygène, donc lorsqu’il circule dans les artères. Au contraire, le sang désoxygéné a une teinte plus foncée. Celui-ci circule dans les veines que l’on aperçoit à travers la peau. Il paraît bleuté, mais il n’est pas bleu pour autant !
Merci à Nicolas Pineault, professeur auxiliaire à l’Université d’Ottawa et scientifique principal à la Société canadienne du sang, pour sa participation à cet article.
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