Un confort toxique
Par Béatrice Hovington et Tahirou Barry
En collaboration avec l’école secondaire Soulanges, Curium est fier de partager avec vous, une fois par mois, des textes du projet Environnement : un monde de solutions.
Problème
Les voyages en croisières sont un moyen de visiter plusieurs endroits splendides et ce dans le confort d’un bateau luxueux, mais cela vient également avec plusieurs inconvénients. Saviez-vous qu’un navire de croisière “arrêté” produit des oxydes de soufre et d’azote en quantités équivalant à la pollution générée par un million de voitures ? En plus, le dioxyde d’azote est nocif pour l’environnement puisqu’il contribue entre autres à la création d’ozone troposphérique, à l’acidification des eaux et à la création de pluies acides. Tout d’abord, ces navires fonctionnent avec un carburant appelé “fioul lourd”, beaucoup plus polluant que le diesel utilisé dans certaines de nos automobiles aujourd’hui. En une journée, un navire consomme environ 300 000 kg de fioul, ce qui est énorme! Non seulement nos eaux sont contaminées, mais ces contaminants se dispersent également par le vent, ce qui contribue à la pollution de l’air des villes à proximité tout en dégageant des odeurs d’essence.
De plus, les hélices du bateau créent des ondes sous l’eau, ce qui affecte la fondation de certains bâtiments et édifices à proximité. Ces bâtiments s’affaisseront de plus en plus au fil du temps. Enfin, les moteurs fonctionnent 24 heures sur 24 pour fournir de l’éclairage, du chauffage et la climatisation de l’air en tout temps pour les passagers qui, de leur côté, produisent des déchets lors de leur voyage à bord. Les bateaux, avec leurs buffets luxueux, produisent beaucoup de gaspillage alimentaire, alors qu’énormément de gens sur la planète n’ont presque rien pour se nourrir. Les études de l’ONU démontrent qu’en 2016, 816 millions de personnes étaient sous-alimentées et ce chiffre a augmenté en 2017, pour passer à 821 millions, ce qui représente 11% de la population mondiale.
Branchement électrique
Il y a quelques solutions qui s’offrent à nous. La première serait le branchement électrique des navires à quai. Cette solution implique un investissement des compagnies de croisière et des gouvernements, car il faut avoir des installations sur les bateaux et dans les ports. Il y a déjà quelques bateaux et ports qui en sont équipés. Cette solution permettrait aux paquebots de couper leurs moteurs pendant leurs arrêts aux ports pour faire fonctionner le bateau à l’électricité lors de cette pause, ce qui réduirait la quantité de fioul dans l’eau. Les ports de Göteborg en Suisse, de Hambourg en Allemagne, de Los Angeles aux États-Unis et de Vancouver au Canada ont déjà investi de grosses sommes dans les infrastructures nécessaires pour offrir aux bateaux la possibilité de se brancher arrivés à destination.
Propulsion hybride
Une autre solution possible pour protéger nos eaux est la propulsion hybride avec batteries électriques. Il y a deux ans, une compagnie de croisière norvégienne a inauguré un bateau d’expédition, le Roald Amundsen. Celui-ci peut embarquer 530 personnes à bord. Il est équipé de quatre moteurs alimentés par des batteries électriques. Son système hybride de propulsion lui permet de réduire de 20% ses émissions. Le prochain bateau commandé par la compagnie, le Fridtjof Nansen, sera capable de naviguer 100% électriquement et, par la suite, le Roald Amundsen sera converti à l’électricité à 100% à son tour.
Cette compagnie travaille également avec des organisations non-gouvernementales pour préserver des destinations fragiles comme l’Antarctique. L’entreprise a décidé d’éliminer tous les plastiques à usage unique de leurs croisières. Elle s’est aussi engagée à informer les passagers sur l’écosystème et les changements climatiques. Elle demande aussi à ses passagers d’éteindre les lumières quand ils sortent d’une pièce, de recycler leurs déchets et de débrancher leurs appareils électroniques lors de leur séjour.
Cette technologie est encore en expérimentation, mais c’est un progrès rapide dans la mobilité électrique. En plus d’être plus écologiques pour l’environnement, les moteurs hybrides sont moins bruyants.
Il faut mentionner que cette solution n’est pas parfaite puisque la production d’électricité utilise encore beaucoup de combustibles fossiles qui créent les mêmes problèmes que les navires à fioul lourd. La production d’électricité représente environ 25% des gaz à effet de serre produits dans le monde.
Gaspillage alimentaire
Une compagnie de bateaux de croisière italienne a mis en place un projet qui vise à recycler les déchets solides produits à bord et donc l’intégralité des déchets (papier, plastique, verre, métal etc.) sont recyclés à bord du bateau. Les déchets alimentaires sont également recyclés. D’ailleurs, cette compagnie travaille en partenariat avec les banques alimentaires dans le but de réduire le gaspillage de nourriture. Les plats préparés qui n’ont pas été servis sont mis sous vide pour ensuite être envoyés aux banques alimentaires pour les redistribuer aux personnes dans le besoin.
Conclusion
Bref, plusieurs solutions s’offrent à nous pour faire des mers, océans, lacs, rivières un habitat plus sécuritaire pour les espèces qui y vivent. Plusieurs compagnies investissent de plus en plus dans la protection de l’environnement et les choses changent peu à peu. Il faut continuer de trouver des solutions pour préserver nos eaux, car c’est une ressource vitale!
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