Évaluez Deep Drummer: l’algorithme compositeur
Et si l’intelligence artificielle était à l’origine du prochain hit musical ou d’une nouvelle symphonie?
- L’idée
Elle a « popé » dans la tête de Guillaume Alain et de Maxime Chevalier-Boisvert, chercheurs à l’institut québécois d’intelligence artificielle MILA.
« Ma force, c’est les maths et l’intelligence artificielle. Et si je mettais ça au profit de la musique… », se dit Guillaume un matin.
Avec Maxime, il partage un labo et un même amour pour la musique. Tous les deux connaissent les outils d’intelligence artificielle qui servent à modéliser du texte, donc des séquences de mots, utilisés par exemple pour la traduction. Et si on les appliquait à la modélisation de séquences de notes ? Si, à partir de là, on développait un algorithme capable de poursuivre la séquence, et donc de composer?
- Le développement
« On n’est pas les premiers à utiliser l’intelligence artificielle pour composer de la musique, mais c’est sous- exploité », affirme Guillaume.
À partir d’une banque de 100 échantillons sonores , leur algorithme Deep Drummer génère des séquences de notes. Guillaume et Maxime les font tester par des participants, qui évaluent 80 séquences, à coups de « j’aime » ou de « je n’aime pas ».
Lorsqu’il compose la séquence numéro 1, l’algorithme n’a aucune idée de ce que le participant aime ou pas . Il place donc les sons de manière aléatoire. Il créer la seconde séquence en fonction de ce qu’il a appris du participant et ainsi de suite jusqu’à 80. Logiquement, plus on avance, mieux Deep Drummer devrait saisir les goûts de l’humain sous le casque d’écoute, et générer la musique qu’il aime.
- Les défis
Première embûche pour Guillaume et Maxime: la capacité d’écoute limitée de l’humain. Après quelques dizaines de séquences, oreille et concentration commencent à défaillir. Les chercheurs ont donc procédé à une deuxième phase d’expérimentation, en faisant réécouter les mêmes 80 séquences dans un autre ordre, pour vérifier si les réponses correspondaient.
Autre défi: « Deep Drummer peut juste générer des musiques suivant les commentaires d’êtres humains. Et ça, ça prend beaucoup de temps! », explique Guillaume. Or, dans le domaine de l’apprentissage profond (voir encadré), se baser sur si peu de séquences est très incertain. Bref, il faudra donc du temps pour parfaire Deep Drummer.
- L’avenir de Deep Drummer
Un peu tôt pour le dire. Mais Guillaume rêve d’un outil d’intelligence artificielle qui composerait en cocréation avec un musicien. « J’aimerais donc ça, que Deep Drummer compose de la musique classique qui torche! »
Rendez -vous dans quelques années?
En attendant, jouez le jeu et jugez par vous-même:
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