Crise existentielle
Est-ce que je décide vraiment de ma vie ? Comment savoir qui je suis, réellement ?
Haaaa, l’essence de la vie. Dans les années quarante, ceux qu’on appelait les existentialistes cherchaient à comprendre jusqu’où ils étaient libres de leurs actes (en fumant beaucoup de cigarettes). Des décennies plus tard, ce courant philosophique et littéraire colle encore aux ados (sans la clope).
L’existentialisme est un courant philosophique important du 20e siècle selon lequel chaque personne est maître de ses actes, de son destin et des valeurs qu’elle décide d’adopter. Elle est libre d’être elle-même.
« Suis-je maître de ce que je deviens ? Puis-je contrôler ce qui m’arrive, ce que je pense, ce à quoi je crois ? Ou suis-je simplement l’objet d’une influence extérieure ? C’est à l’adolescence qu’on réalise que oui, on peut décider et on peut bâtir quelque chose qui est unique », affirme Richard Cloutier, psychologue, professeur et chercheur en psychologie du développement à l’Université Laval.
Les questions existentielles, c’est aussi biologique
Ce n’est pas un hasard si la question identitaire survient à l’adolescence. La puberté est le déclencheur biologique de la maturation sexuelle, certes, mais elle a aussi d’énormes impacts sur le plan émotionnel et cognitif.
De nouvelles capacités à réfléchir transforment notre perception du monde. On le voit sous un angle nouveau. On s’interroge. Selon Richard Cloutier, la seule façon de donner un sens, c’est de partir à l’aventure, d’explorer : « Comment peut-on savoir qui on est, ce qu’on aime et quelles sont les valeurs qui nous conviennent sans essayer la panoplie d’options à notre portée ? C’est un peu comme traverser l’océan sur un bateau, sans savoir ce que la météo nous réserve. Il y a des tempêtes et des accalmies ; par moments, tout va bien, par d’autres, c’est plus difficile… ce qui fait qu’on apprend à se connaître en chemin. »
Être libre à tout prix
Être libres d’être nous-mêmes, c’est bien beau. Mais cette liberté n’est pas facile à gérer. Parce qu’être autonome, c’est aussi savoir exploiter son plein potentiel. Toute une commande. Et toute une responsabilité.
« Aussi, on n’évoluera pas de la même façon dans un milieu qui nous stimule à la hauteur de nos capacités ou dans un milieu rigide qui nous limite », souligne Richard Cloutier.
Autre difficulté : pour créer sa propre destinée, il faut faire des choix ! « Si les choix se font trop rapidement, on n’a sans doute pas vraiment trouvé notre propre solution ; on a sauté sur une solution toute faite à l’avance, sans l’exploration requise pour faire un vrai choix. Un choix qui nous convient réellement. Si au contraire, on n’arrive pas à se brancher et qu’on change d’idée constamment sans jamais s’engager, on est dans l’évitement. » Bonne chance les amis ! Que disait Sartre, le grand penseur existentialiste ? Que toute cette liberté donnait la nausée.
La mauvaise foi
Ne pas être influencé, être soi, on veut bien. Mais est-ce possible ? Surtout en cette ère où les réseaux sociaux nous dictent quoi penser ? Et où le métier le plus populaire est celui… d’influenceur ? ! ! ! ?
Techniquement, on n’est obligé à rien. C’est ce que dirait un existentialiste pur et dur. Impossible donc de rejeter le blâme de ses choix personnels ou de ses actes sur autrui.
« Si tout est déterminé à l’avance, par exemple si notre famille nous impose le même métier que notre père ou nous oblige à fréquenter une personne pratiquant la religion familiale, on refuse notre propre identité pour plaire aux autres et on nie notre essence. » On fuit sa liberté. Un signe de lâcheté et de mauvaise foi, diraient les existentialistes.
Note importante : refuser de faire le ménage ou ses devoirs sous prétexte qu’on est nous-mêmes, ce n’est pas vraiment un argument valable.
Texte : Andréa Sirhan Daneau
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