Bonheur chimique
Le bonheur a la cote chez les scientifiques. Et c’est nouveau ! Car si les philosophes méditent sur le sujet depuis des millénaires, les médecins et psychologues se sont plutôt penchés sur la souffrance psychologique. Il existe 20 fois plus d’études sur l’anxiété et la dépression que sur le bonheur !
Ces recherches ont permis d’en savoir plus sur la chimie du cerveau (voir illustration). Mais depuis une vingtaine d’années, les psychologues ont entrepris d’étudier aussi les gens heureux, pour mieux comprendre ce qui influence le bien-être psychologique.
Il était temps, croit Lucie Mandeville, professeure de psychologie à l’Université de Sherbrooke et auteure du livre Le bonheur extraordinaire des gens ordinaires. « En réalité, beaucoup de gens vont bien, et même ceux qui vont mal peuvent s’appuyer sur leurs forces personnelles et les aspects positifs de leur vie. »
Les molécules du bonheur
Pourquoi certaines personnes arrivent-elles à garder le sourire malgré les épreuves ? Les scientifiques ont découvert de nombreux messagers chimiques qui influencent l’humeur
Les endorphines
Relaxantes et antidouleur, elles font leur effet après une activité physique ou sexuelle. C’est la drogue des sportifs !
L’ocytocine
Hormone sociale, elle est responsable de l’attachement, que ce soit entre une mère et son bébé ou entre deux amoureux. Elle favorise aussi la confiance et l’empathie. Elle est stimulée par les câlins.
La sérotonine
Grâce à elle, tout roule comme sur des roulettes : sommeil, appétit, concentration, niveau d’énergie… Côté humeur, elle nous protège contre le négatif et tient nos idées noires à l’écart. Les gens dépressifs ont des taux anormalement bas de sérotonine.
La dopamine
Hormone de l’anticipation et de la motivation, elle nous pousse à l’action pour assouvir nos besoins. Le pic d’excitation que vous ressentez avant d’ouvrir un cadeau ou au début du concert de votre artiste préféré, c’est elle.
La pilule du bonheur
Certaines drogues, comme la cocaïne et l’ecstasy, agissent sur l’humeur en modulant la quantité ou le mécanisme d’action des molécules dans le cerveau.
Idem pour les antidépresseurs, qui sont parfois prescrits aux gens souffrant d’anxiété ou de dépression. Efficaces, les antidépresseurs prennent toutefois plusieurs semaines à agir et peuvent avoir des effets secondaires. Les scientifiques ne comprennent pas encore complètement leur mécanisme d’action. Ils soupçonnent qu’en changeant l’équilibre chimique, on provoquerait des modifications dans la structure même du cerveau :
rebranchements de neurones, diminution de certains récepteurs à la surface des cellules, etc. Combiner médicaments, psychothérapie et nouvelles habitudes de vie serait le plus efficace pour susciter ces changements biologiques.
LES GÈNES DU BONHEUR
Les conditions de vie (riche ou pauvre, célibataire ou en couple, etc.) ont peu d’influence sur notre bonheur – seulement 10 %. Le facteur le plus important serait notre génétique.
Chaque personne naîtrait avec un niveau de base de bonheur, vers lequel elle retourne naturellement après une joie ou un malheur. Cela explique que les gens malheureux qui gagnent à la loterie ne restent pas heureux longtemps, alors que les gens heureux rendus handicapés par un grave accident redeviennent heureux après quelque temps.
Alors, si on a un tempérament mélancolique, c’est foutu ? Non, car la génétique n’explique que 50 % de notre niveau de bonheur. Il reste donc une « marge de manoeuvre » de 40 % sur laquelle on peut agir pour se sentir plus heureux : prendre un moment pour apprécier ce que l’on a, écrire une lettre de gratitude, aider les autres… Ça marche !
Texte : Raphaëlle Derome
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