La grande odyssée de Ropos [vidéo]
23 août 2017. des scientifiques entament une expédition sans précédent : ils ont une semaine pour explorer les confins du golfe du Saint-Laurent, dans des profondeurs largement inexplorées.
L’été dernier, l’organisme caritatif international Oceana entreprend l’expédition visuelle la plus minutieuse et détaillée de l’histoire canadienne, un petit miracle rendu possible par les dernières avancées de la technologie.
L’équipage et son robot-vedette
Le navire de 83 mètres transporte à son bord des scientifiques, des ingénieurs, des techniciens, des vidéographes et des matelots. Qui vit sous la mer ? Quelles espèces interagissent ? Quelles zones sont les plus prolifiques et devraient être protégées ? Bien sûr, les scientifiques ont des pistes, mais il reste encore de nombreuses interrogations. La star de l’expédition ? Ropos, un robot dernier cri capable de capter la vie dans les entrailles du golfe, à 5 000 mètres de profondeur.
Ropos (pour Remotely Operated Platform for Ocean Sciences) fait partie de la grande famille des véhicules sous-marins télécommandés. C’est la « taupe » de l’expédition. Grâce à lui, l’équipage peut épier la vie des espèces qui évoluent au fond du golfe, comme une téléréalité « Spécial Océan ». Cet espion haute technologie peut non seulement ramener des profondeurs des images et des vidéos, mais aussi des échantillons.
Un robot est allé là où aucun humain n’est encore allé. Voici ce qu’il a vu…
Le trajet audacieux
Au départ de Sydney, en Nouvelle-Écosse, le navire et ses occupants avaient plusieurs destinations :
- La cuvette du Cap-Breton, à la pointe nord de la Nouvelle-Écosse, une ressource précieuse pour les pêcheries.
- Le banc des Américains, à l’est du Québec. Doté de pics vertigineux et de falaises sous-marines, il attire les baleines, les poissons de fond et les crustacés.
- Le chenal laurentien, véritable autoroute marine qui transporte près d’un milliard de litres d’eau de mer chaque seconde. Dans cette voie transitent des tonnes de plancton, au plus grand bonheur des espèces marines, comme la tortue luth ou le loup de mer.
« L’expédition n’est pas seulement scientifique, précise Alexandra Cousteau, conseillère principale d’Oceana et petite-fille du grand explorateur Jacques- Yves Cousteau. C’est aussi un moyen unique de communiquer et de sensibiliser. On veut emmener le public avec nous. On ne peut plus le faire sans lui. » Une webdiffusion était donc accessible à tous, 24 heures sur 24. Il était même possible d’échanger avec les scientifiques à bord.
Mer d’accueil
Le Canada possède le plus long littoral marin du monde. Pourtant, on ignore presque tout de cet écosystème en plein bouleversement : « On connaît mieux la surface de la Lune que notre propre océan », lance Alexandra Cousteau. Difficile à croire, mais vrai. Il reste beaucoup à faire pour comprendre ce qui se trame sous les vagues, un travail de longue haleine qui nécessitera de grands moyens financiers et technologiques.
L’expédition a permis de découvrir des falaises remplies d’anémones et d’éponges colorées. Ropos a également trouvé de grands bancs de capelans, les poissons qui constituent la base de l’alimentation de la morue, du fou de Bassan et de la baleine. Il a photographié des requins, des poulpes, mais aussi des raies. Et depuis le pont du navire, les scientifiques ont pu observer des tortues luth, une espèce en voie de disparition.
Les océans abritent la plupart des espèces vivantes de la planète. Ils constituent un moyen de subsistance pour des dizaines de millions de personnes, en plus d’offrir une source de protéines à plus d’un milliard de personnes sur la Terre : « Nos océans prennent soin de nous, dit Alexandra Cousteau. C’est maintenant à notre tour de prendre soin d’eux. »
Texte : Marion Spée
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