Pseudoscience : pourquoi on nous raconte n’importe quoi?
Ça ressemble à de la science, mais c’est tout son contraire : affirmations non fondées, méthodologie douteuse, absence de preuves, conclusion invérifiable. Pseudo : ça veut dire faux, tout simplement !
La pseudoscience est omniprésente, mais pas toujours facile à déceler. « Le problème, explique Dany Plouffe, docteur en physique, c’est que tout n’est pas noir ou blanc. Malgré sa rigueur, la science (la vraie) n’est jamais parfaite. Il y a des zones grises. »
Ce qui rend les choses compliquées :
1- la science n’a pas réponse à tout.
2- ce n’est pas parce que quelque chose n’a pas été démontré que c’est automatiquement faux.
3- certains champs de la recherche scientifique sont en phase exploratoire, il est donc difficile d’obtenir des données claires.
Téléporter l’ADN par courriel
Quelques années après avoir reçu le prix Nobel de médecine (en 2008), le Français Luc Montagnier soulevait la polémique avec des affirmations critiquées par les milieux scientifique et médical. La vaccination causerait l’autisme, l’eau garderait en mémoire les propriétés d’un élément à son contact (on pourrait ainsi téléporter l’ADN). Le biologiste reconnu pour sa découverte du VIH en 1983 défend des théories démenties par ses pairs. Pendant ce temps, le physicien François Gervais publie un ouvrage selon lequel l’activité humaine n’a pas grand-chose à voir avec le réchauffement climatique, qui résulte plutôt de cycles naturels. Très vite, sa thèse basée sur des données manipulées est démontée. Mais le mal est fait.
Le cerveau : un joueur de tours
Pourquoi croit-on parfois n’importe quoi ? Par besoin de donner du sens à ce qui nous entoure, d’une part. Mais aussi parce que notre cerveau peut nous jouer des tours. Nous faisons tous des « biais cognitifs ». Par exemple, tirer des conclusions universelles d’une expérience personnelle. Comme « avoir froid provoque le rhume ».
Ce n’est pas prouvé scientifiquement, pourtant nombreux sont ceux qui en sont convaincus. On se laisse aussi piéger par une apparence de rigueur. Parce que vérifier est exigeant et demande du temps.
« Mais ça marche ! »
Les affirmations sans fondement scientifique, Olivier Bernard (alias le Pharmachien) les traque et les démolit. L’homéopathie, par exemple, l’agace particulièrement.
« On dispose de tonnes de données qui toutes – sans exception – démontrent que ça ne fonctionne pas. Pourtant, un paquet de gens disent que ça fonctionne hors de tout doute. Les homéopathes affirment que les molécules d’eau s’organisent pour former une structure, alors que chimiquement on sait que ce n’est pas vrai. »
Que dire des adeptes (nombreux) pour qui ça marche ? « Quelqu’un qui affirme que l’homéopathie agit sur lui ne cherche pas à convaincre avec des arguments bidons, il relate juste une expérience personnelle. Et ça, ça se discute difficilement. »
Zones grises
Les choses se compliquent encore lorsqu’on entre dans une zone grise. C’est souvent le cas dans les domaines où la recherche en est à ses balbutiements. « Le microbiote en est un bon exemple, dit Olivier Bernard. Il y a beaucoup de recherches sur le sujet. C’est passionnant, mais on est au tout début et on ne sait pas grand-chose. C’est encore très préliminaire. Or, plein de gens font des affirmations claires et tranchées. Là, on peut tomber dans la pseudoscience. »
Mais le plus grand mystère entourant la pseudoscience, pour Olivier Bernard, reste de comprendre pourquoi des scientifiques d’expérience « perdent la carte » ! S’il en avait le temps, il en ferait une thèse de doctorat. Si percer le mystère vous tente, il veut bien être votre mentor. Avis aux intéressés !
Merci aux sceptiques Olivier Bernard, Le Pharmachien, et Dany Plouffe, docteur en physique et enseignant au cégep.
Un texte de Sophie Mangado
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