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SLM: Curium rencontre Bellebrute

20 novembre 2016 - Curium

Victor Rene de Cotret

Un article de  Victor René de Cotret

 

Le duo Bellebrute est composé de Marianne Chevalier et Vincent Gagnon

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Curium: Dans votre roman graphique Ramures, vos personnages ne sont pas tout à fait humains, mais pas animaux non plus. D’où vient l’idée?

(Marianne) Excellente question! En fait, nous adorons faire des créatures. Nous n’avions pas envie de faire des humains complets, mais plus des créatures humanoïdes. Au début du projet, Albert (le personnage principal) était un garçon.

(Vincent) D’ailleurs, il te ressemblait, c’était un grand brun. Mais nous avons décidé de lui ajouter des oreilles et une queue de chat. Alors, fait attention… (rires)

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C: Dans le livre, on retrouve souvent des doubles pages avec une grande image de la forêt. Y avait-il une raison particulière?

(V) À la base, nous sommes des illustrateurs. On a écrit ce livre, mais notre amour premier est pour les arts visuels. On voulait être capable de raconter l’histoire en parallèle, comme si on rentrait dans la tête d’Albert. On a pris une émotion, un sentiment, et on l’a transformé en paysage, avec des créatures. C’était un moyen de continuer à raconter l’histoire en y enlevant les mots.

(M) Il faut savoir que ces changements-là surviennent toujours quand Albert a une émotion forte (quand il tombe en amour, ou quand il est en colère, ou quand il a de la rancune…). Donc cette image répond à l’émotion.

C: Vous êtes deux illustrateurs, comment êtes-vous venus à écrire un roman (graphique)?

(V) Avant de se rencontrer, on avait déjà eu une carrière. Quand on a commencé à écrire des albums jeunesse, on a fait surtout des livres pour plus jeunes (autour de 5 à 8 ans). Mais là, on avait le goût de s’adresser à un public plus vieux.

(M) Il y a aussi le fait que Vincent et moi, on adore les romans graphiques. On en mange et on en mange! On avait envie d’essayer ça.

(V) En même temps, c’était aussi un médium qui nous attirait. Ça représente un peu l’inconnu aussi, c’est comme si on recommençait notre métier. On ne connaissait pas tous les codes. On l’a appris un peu par nous-même, et un peu à la dure, en faisant des erreurs. Ça a été vraiment une belle aventure.

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C: Quand vous étiez tous les deux jeunes, saviez-vous déjà que vous vouliez être dessinateurs, ou aviez-vous d’autres plans?

(M) Moi, quand j’étais enfant, c’était clair dans ma tête que j’allais être illustratrice de livres pour enfants. Mais pas Vincent (rires).

(V) Moi, petit garçon, j’avais une fixation sur l’idée de devenir chef cuisinier. J’aime encore beaucoup la bouffe, j’adore cuisiner, mais je ne suis pas devenu chef par contre. J’ai découvert l’illustration super tard, parce que j’ai fait des études en sciences politiques et en anthropologie. Je m’en allais complètement ailleurs, je voulais devenir diplomate. Puis, quand j’ai eu 25 ans, j’ai découvert l’illustration un peu par accident. J’avais toujours eu un goût pour le dessin et la peinture, mais j’avais jamais vraiment cliqué qu’il y avait des gens qui faisaient ça comme métier. J’ai comme allumé à 25 ans quand je suis allé voir une exposition d’illustrateurs dans le vieux Montréal. Je me suis dit: « Je veux faire ça dans la vie ». Tout a basculé.

(M) Il faut aussi savoir que Vincent est autodidacte, il n’a pris aucun cours pour être illustrateur. Il a tout appris sur le tas, ce qui est incroyable.

(V) Le tas était… généreux (rires)

(M) De mon côté, moi, j’ai vraiment suivi la ligne scolaire. J’ai fait mon cégep en graphisme, un bac en design graphique, une maitrise en arts visuels. Je n’ai pas tergiversé, je n’ai pas pris d’autres chemins.

(V) Par contre j’ai toujours écrit. Parce qu’à l’université, on écrit beaucoup! Mes profs me disaient: « T’écris bien, tu devrais aller là-dedans » mais j’étais encore jeune, je n’avais pas vraiment cliqué que oui, je pourrais écrire.

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C: Est-ce que l’histoire vous est juste venue toute seule ou est-ce qu’elle est inspirée par une histoire vraie?

(V) C’était un texte très long et profond, je me suis mis beaucoup de pression sur les épaules. J’ai vraiment changé de genre littéraire. Au début, c’était un truc de sci-fi. Ça se passait sur une planète lointaine fantastique qui était faite en espèce d’élastique, et les gens vivaient à l’intérieur, à travers les méandres. Y’avait toute une histoire d’amour compliquée à travers. Depuis le début y’avait quand même l’histoire d’amour, et les présences lumineuses dans les forêts. J’en ai écrit 7 versions avant de tomber sur l’histoire telle qu’on la connait aujourd’hui. Mais on savait quel thème on voulait aborder, quelle symbolique on voulait présenter. C’est l’enrobage qui était complètement nébuleux.

(M) Y’a certains éléments de l’histoire qui sont tirés de la réalité, mais pas tous.

(V) Par exemple, la scène de funérailles où le vieil homme vient mettre la lettre dans le cercueil. Moi j’ai vécu ça quand j’étais petit, pis ça m’a vraiment marqué. Mais sinon c’est tout fictif, je ne suis pas cordonnier, Marianne a pas d’oreilles pointues… (rires)

C (à Marianne): Tu m’avais dit précédemment que tu voulais être dessinatrice quand tu voulais être plus jeune. Y a-t-il un auteur ou un livre qui t’as spécialement inspirée?

(M) j’ai beaucoup aimé les J’aime Lire, quand j’étais enfant. Mais il y avait aussi une autre collection qui s’appelait « Racontes-moi une histoire ». Je pense que c’est ça qui m’as donné la piqûre. C’était avec des cassettes et un lecteur de cassettes.

(V) T’expliqueras aux gens ce que c’est une cassette (rires).

C (à Vincent): Et toi, Vincent?

(V) J’en ai quelques-uns qu’on a encore chez nous qui tombent en poudre. Y’en a un d’une auteure qui s’appelle Noëlle Lavaivre, qui a fait un livre qui s’appelle « Pistache et Dame tartine ». Ce que j’adorais dans ce livre-là, c’est que c’était un livre vraiment fait avec plein de patentes avec du collage et tout. J’aimais aussi beaucoup quand j’étais petit, tu sais Richard Scarry, tu sais le livre avec tous les petits animaux…

(Jade, grande fan de Richard Scarry et qui écoute l’entrevue): Ouiiiii! Le petit ver qui conduit avec le chapeau autrichien!

(V) Avec une salopette tube parce que y’a pas de jambes!

(J): Eille, il y avait un ver de terre qui conduisait une auto, c’était génial!

(V) C’était vraiment très ambitieux comme dessin, avec les foules, l’architecture… Je capotais là-dessus.

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C: Dernière question: pourquoi Bellebrute?

(M) En fait Vincent et moi on s’est rencontrés, pis on est tombés en amour. On avait vraiment envie de travailler ensemble en duo. On n’avait jamais fait ça avant. On avait des carrières, mais on avait jamais travaillé à quatre mains sur du dessin. Au début on ne se présentait pas comme auteurs-illustrateurs, on se présentait comme un duo d’illustrateurs. Pis Bellebrute, on trouvait ça drôle, on trouvait que ça nous représentait bien, ça sonnait bien. C’était drôle à dire à haute voix. Et chez les anglais aussi, c’est drôle à dire, quand ils nous engagent pour des petits contrats. (Rires)

(V) On voulait qu’on sente la dualité aussi. On voulait sentir le double personnage.

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