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Recette de cookies – La pub nous traque sur Internet… doit-on s’en inquiéter?

16 juin 2016 - Curium

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Vous êtes amateurs de soccer ? Vous suivez l’actualité sportive, partagez les meilleurs coups de Didier Drogba et êtes abonnés à la page Facebook de l’Impact de Montréal ? Gageons que vous voyez souvent apparaître des publicités pour des souliers à crampons ou des billets de soccer sur votre fil.

Les agences de marketing observent les comportements des internautes pour leur proposer des produits en fonction de leur profil : c’est ce qu’on appelle du ciblage publicitaire.

D’abord sur les réseaux sociaux, cette stratégie s’impose désormais sur toutes les plateformes web. Le but, c’est de trouver le plus court chemin entre le client et l’annonceur, dit Dan Posalski, président-directeur général chez Black Angus.

Black Angus est une entreprise française spécialisée dans le marketing programmatique. Une forme de marketing en ligne qui recourt à différents logiciels et algorithmes. Il existe une vingtaine d’entreprises comme celle-ci dans le monde.

L’entreprise s’assure d’adresser le bon message à la bonne personne. Et ça vous évite les annonces sur l’incontinence urinaire (!) et les résidences pour personnes âgées.

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Le meilleur allié des publicitaires?

Ce sont les téléphones mobiles. Ils traquent le moindre de vos déplacements sur le web (mais aussi sur le terrain, grâce à la géolocalisation).Chaque clic, chaque recherche, chaque article lu, chaque application téléchargée sont autant d’indices sur qui vous êtes et sur vos intérêts.

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Nos téléphones récoltent quantité d’informations pour ensuite les échanger et les vendre. C’est un marché de données.  « On est passés de l’achat d’emplacements publicitaires à l’achat d’audience », résume Dan Posalski. Et tout ça se fait en temps réel. Car la machine se met en branle dès que vous accédez à un site web.

Au début, le site comprend des espaces publicitaires vides. Lorsque vous vous connectez, le gestionnaire du site fait une demande d’enchères à partir des cookies (information sur l’utilisateur – en l’occurrence, vous) dont il dispose.

Comme en bourse, on utilise ici de puissants algorithmes et des superordinateurs capables de détecter des micromouvements de marché dans des temps record. Si bien que votre oeil n’a pas le temps de distinguer l’espace vide avant que la publi-cité qui remporte les enchères ne s’affiche sur votre écran de mobile, de tablette ou d’ordinateur.

Vous cliquez ? Vous achetez ? On dispose alors de nouvelles informations sur votre profil de consommateur.

 

Panneaux publicitaires sur mesure

Black Angus travaille présentement sur des panneaux publicitaires dont l’affichage changerait en fonction des passants. « Grâce à la géolocalisation, on peut savoir que telle personne avec tel mobile se trouve près du panneau et afficher une publicité en lien avec ses intérêts », affirme Dan Posalski.

 

Facebook : votre confident?

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« On ne peut pas mentir sur ce qu’on aime. Internet, dans le monde du placement média, c’est une mine d’or », affirme Luc Dupont, professeur au département de communications à l’Université d’Ottawa.

Tout ce qu’on écrit, est colligé, dit-il. Absolument tout. Facebook et Google en savent autant (peut-être même plus) sur vous que vos meilleurs amis ! Et pas besoin de développer des trésors d’ingéniosité pour mettre la main sur ces informations : nous les leur servons sur un plateau d’argent.

C’est M. Facebook (Mark Zuckerberg) lui-même qui le dit : on vous a demandé votre âge, vous nous l’avez donné. Votre date de naissance, vous nous l’avez donnée. Alors, on vous a demandé si vous étiez en couple, et comme vous avez répondu, on vous a demandé avec qui. Chaque fois, c’est vous qui avez accepté de répondre.

Zuckerberg : 1 – Internautes : 0

Vous devenez célibataire et en faites l’annonce sur Facebook ? Soyez assuré que la publication ne passera pas inaperçue. Auprès de votre « prospect », on vous le souhaite. Auprès des publicitaires, c’est garanti.

Comme la majorité des nouveaux célibataires, vous finirez par sécher vos larmes et déciderez de vous reprendre en main. Facebook et ses amis algorithmes le savent… Croyez-vous vraiment que ces publicités de gym et d’aliments santé sont le fruit du hasard ?

MAIS JUSQU’OÙ L’INDUSTRIE PEUT-ELLE METTRE SON NEZ DANS NOS DONNÉES « PRIVÉES »?

À vous de dire STOP.

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Pour l’instant, le champ est pratiquement libre, note Dan Posalski. « Les nouvelles technologies changent nos façons de faire. Soit on arrête de « liker », soit on pose des limites. Et ces limites seront établies par la jeune génération. » Vous, chers lecteurs de Curium, devrez prendre les choses en main.

En attendant, son entreprise Black Angus a embauché un philosophe. Sa conclusion ? Il faut agir dans le respect du consommateur et surtout mettre en garde les éditeurs de sites web contre une trop forte pression publicitaire.

Le dernier mot aux jeunes

« Dans trois ans à peine, avance le PDG de Black Angus, nos façons de faire de la pub seront complètement différentes. Il faut s’adapter aux jeunes. Ce qui est fascinant, c’est que cette génération utilise les outils à sa façon, pas forcément comme le concepteur l’avait prévu. Les jeunes n’ont pas peur de changer les choses. Ils se les approprient. »

Et l’industrie? Elle s’adapte.

Les formats changent, de la bannière pour ordinateur aux nouveaux formats pour mobiles, l’entreprise mise maintenant sur les formats audio numériques. Les recherches ont en effet démontré que les internautes sont plus réceptifs aux publicités audio (parce qu’en mode écoute) que vidéo. La publicité avant la vidéo, on l’écoute plutôt distraitement, c’est vrai…

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POURQUOI S’EMBÊTER AVEC LA PUBLICITÉ QUAND ON PEUT LA BLOQUER ?

Ce printemps, des éditeurs de sites web français (Le Monde, Le Parisien, Le Figaro, L’Équipe, etc.) se sont mobilisés pour sensibiliser les internautes aux effets pervers des bloqueurs de publicités. Certains sont même allés jusqu’à interdire l’accès à leurs contenus gratuits aux visiteurs dotés d’un adblock actif.

On estime qu’environ 200 millions d’internautes utilisent des bloqueurs de publicité. Au Canada, 6,5 millions de personnes recourent aux adblocks.

Le hic ? C’est que certains sites web, surtout ceux qui offrent leur contenu gratuitement, dépendent des revenus de la publicité.

Prenez les sites d’informations, par exemple. Sans publicité ? Pas de revenus. Sans revenus ? Pas de journalistes. Et sans journalistes, pas d’information. Selon une étude réalisée par l’éditeur de logiciels américain Adobe et la société irlandaise PageFair (août 2015), les bloqueurs de publicités risquent d’entraîner des pertes de plus de 41 milliards de dollars cette année chez les éditeurs de sites web. C’est un pensez-y-bien…

« Tout l’édifice médiatique repose sur la publicité. » – Luc Dupont, professeur en communication

 

Un texte de Noémie Larouche

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